Plusieurs mois passèrent, nous étions au début de l’hiver, le Domaine vivait assez calmement, les récoltes furent nettement meilleures que l’année précédente. J’avais fait le tour de tous les villages, j’avais trouvé moins d’excès dans les autres villages, qu’à St Christophe et Gault. J’eus donc moins à sévir.
En septembre un violent orage s’abattit sur le Domaine, et en particulier le village du Plassis que je n’avais pas encore visité, fut détruit presque entièrement par une tornade. Ce village dont j’avais puni le régisseur Alain (1er épisode), était situé au bout du domaine sur un plateau orienté au nord. Aussitôt l’alerte donnée par le village voisin, j’allai au Plassis, avec plusieurs gardes, Aurélien, Yves, et plusieurs esclaves. Du village il ne restait que la maison du régisseur, à peu près en état. Tous les esclaves y étaient, de nombreux blessés étaient dans une salle, pris en charge par la femme du régisseur. Aurélien soigna les plus atteints et des convois vers le Château et l’Hôpital furent organisés.
Alain le régisseur, toujours aussi mignon, était décomposé, le village était détruit, 5 esclaves étaient morts, beaucoup étaient blessés, il craignait bien sûr d’être renvoyé, ou peut-être au mieux, encore fouetté… Après un petit moment de réflexion avec Yves, je convoquai Alain, et lui expliquai que le village ne serait pas rebâti, que j’avais réalisé qu’une terre aussi humide ne donnerait pas de bonnes cultures, mais que l’endroit convenait à l’élevage et qu’on construirait des étables administrées par le village voisin, beaucoup mieux exposé, Maux.
Alain baissa la tête et demanda ce qu’il adviendrait des esclaves du Plassis, je lui répondis qu’ils seraient envoyés dans d’autres villages, sans dissocier les familles. Puis timidement il s’enquit de son sort. Je lui dis alors :
- Alain, tu n’es pas un mauvais régisseur, quand tu es venu au Château, je t’ai puni trop sévèrement, je le regrette, les terres d’ici ne pouvaient pas donner de bonnes cultures. Toi et ta femme vous avez fait un travail remarquable, pour soigner et sauver de nombreux esclaves, je vous en remercie. Pour toi Alain, si tu l’acceptes, je te nomme régisseur de Gault !
- Gault Monsieur ? Il était stupéfait, diriger un grand village comme Gault ! Bien sûr il ne refusa pas, il me remercia chaudement.
Gault retrouva donc un régisseur, je l’encadrai assez fermement au début, Gault était redevenu un village presque agréable, on y travaillait bien et Alain adopta une direction ferme et souple à la fois, ce que je souhaitais pour le Domaine, punir avec sévérité quand c’était nécessaire, uniquement.
Raoul se rétablit assez bien, il boitait un peu, mais il me supplia de retourner sur le plateau comme berger, qu’il aimait ça, que boiter un peu ne le gênerait pas, même pour courir après les moutons ! Il reprit donc son travail de berger, quand il quitta le Château, il me remercia sincèrement, en me disant qu’il ne pouvait pas avoir de meilleur Maître…
Bako fut affecté à l’équipe des jardiniers dirigée par le doux Michel, et il fut intégré rapidement parmi les autres esclaves, et devint un bon jardinier. Nicolas le fugitif, comme il était intelligent, devint l’aide d’Aurélien, pour travailler dans la nouvelle infirmerie que l’on venait d’ouvrir.
Fin septembre je suis allé visiter le bagne de la forêt en fin d’après midi. La forêt occupe tout le fond de la vallée, au nord, une scierie est installée en bas et l’exploitation de la forêt se fait par des équipes d’esclaves, et aussi par une équipe du bagne forestier qui se tenait dans un baraquement bien enclos pas très loin de la scierie. Le travail étant très physique dans la forêt, les bagnards qui y étaient envoyés, étaient particulièrement forts et, leur travail étant rentable, il y avait peu de morts, mon père avait toujours fait attention à ne pas tuer les esclaves qui rapportaient le plus.
Quand j’arrivai au bagne, j’étais accompagné de gardes, de Thomas et d’Yves, les bagnards venaient de rentrer du travail, et je les découvris en train de se laver dans la rivière qui courrait au travers du camp. Je vis une vingtaine d’hommes nus, musclés, bronzés en train de se laver dans le plus grand silence. Dès que nous entrâmes dans le camp, le chef du bagne Hervé siffla dans un sifflet et vint me saluer respectueusement. Sans un mot, au coup de sifflet les bagnards vinrent s’aligner dans la cour, ils étaient toujours nus, bien en rang, la tête baissée, on sentait que la discipline régnait ici. Au milieu de la cour, un pieu était dressé, le poste de punition avec des anneaux et des chaînes en haut, pour accrocher le puni.
Je saluai Hervé, il semblait embarrassé, je lui demandai d’entrer dans son bureau, et lui posai des questions sur le bagne, sur la journée de travail, ce que faisaient les bagnards. Il me répondit clairement en hésitant un peu. Je connaissais les chiffres du bagne, je n’avais rien à lui reprocher sur les rendements et sa gestion. Je m’intéressai aux bagnards, à leur vie, le dortoir dans le baraquement était bien tenu, un poteau central, des anneaux dans une poutre devaient servir aux punitions à l’intérieur. Je lui demandai de faire entrer les esclaves dans la salle principale.
J’allai voir de plus près les esclaves, ils étaient en assez bonne santé, beaucoup avaient des marques rouges sur les fesses et le dos, quelques unes plus marquées.
Je demandai à Hervé :
- Et que se passe-t-il après la toilette ?
- C’est l’heure de la punition du jour Maître, le ou les esclaves à punir le sont maintenant.
- Et aujourd’hui, tu as prévu quoi ?
- J’ai prévu de fouetter trois esclaves Maître, un pour avoir mal coupé un arbre et deux autres pour avoir parlé entre eux.
- Eh bien procède à la punition !
Il appela un gars qui sortit du rang tête basse :
- Esclave tu as mal coupé un arbre, tu as gâché de la marchandise, et ce n’est pas la première fois… 50 coups de strap !
L’esclave frissonna, il savait ce qui l’attendait, en plus en présence du Maître, il était pétrifié de honte. Mais il avança vers le pieu, il y fut attaché par les bras, les fesses bien arquées, on lui écarta les jambes. Comme ça c’était un bel homme musclé, le cul offert pour la punition, je me sentis durcir. Hervé tenait une longue strap, il me regarda, et sur un signe de ma part il asséna le premier coup, très durement, sur les fesses qui blanchirent et s’ornèrent rapidement d’une marque rouge. Le puni cria :
- Un Chef, merci Chef…
Les coups suivant claquèrent bruyamment les fesses et le dos, les cris du puni se firent plus forts.
- 5 Chef…Merci Chef…
Hervé prit la parole :
- Esclave on ne t’a jamais dit que quand on a l’honneur d’être fouetté devant son Maître, on doit remercier le Maître !
L’esclave gémit :
- Pardon Maître, pardon, 5 Maître, merci Maître !
Hervé dit :
- Recommence le compte à zéro !
L’esclave gémit encore mais la strap le frappa durement en bas des fesses :
- Ahhhhh… Un Maître… Merci Maître…
La flagellation à la strap continua, toujours sévèrement, l’esclave se secouait, il criait, hurlait, mais implacablement la dure courroie de cuir épais de la strap claquait, mordait ses chairs, chaque coup irradiait dans son corps, une brûlure insupportable était sur ses fesses et son dos :
- Rhaaaaaa… 30 Maître… Merci Maître.
Sa voix était très rauque, il se retenait visiblement de pleurer, c’était un dur, néanmoins il m’envoya un regard suppliant tout en hurlant sous le fouet :
- Ahhhhhhh… 40 Maître… Pitié… Merci Maître…
Je levai la main, Hervé stoppa, je m’adressai au puni :
- Esclave tu demandes ma pitié, mais la mérites-tu ? Tu travailleras correctement à l’avenir ?
- Maître pitié Maître… Je promets de bien travailler Maître, oh Maître pitié…
- C’est bon la punition est finie, Hervé tu le détaches, mais s’il recommence sa faute, sois encore plus sévère !
- Bien Maître, comptez sur moi pour le surveiller Maître !
Il alla détacher le puni, il lui dit quelque chose à l’oreille. Aussitôt détaché, l’esclave se déplaça vers moi, en titubant, il tomba à mes genoux prosterné, demanda pardon et me remercia. Il n’osait pas embrasser ma main comme le faisaient généralement les esclaves, ni me regarder directement, un bagnard n’a pas ces droits. Je posai ma main sur sa tête et dis :
- Tu es pardonné mais à l’avenir travaille bien…
Il sanglota alors comme un gosse, ce Maître qu’il n’avait jamais vu, il avait pensé qu’il doublerait la punition, il avait été puni durement mais le Maître lui parlait presque gentiment pas comme à une bête. Il regagna le rang.
Je dis à Hervé :
- Alors et les deux bavards ?
Il appela deux esclaves, ils étaient jeunes 22-24 ans, musclés, deux garçons bien bâtis. Ils se tenaient tête baissée, ils tremblaient légèrement.
- Hervé, quelle est la règle au bagne, à propos des discussions entres bagnards ?
- Maître, les discussions entres esclaves sont rigoureusement interdites, entre eux, sauf nécessité absolue dans le travail, et une demi heure leur est accordée chaque soir pour parler entre eux, sauf pour les punis, et les punitions collectives.
- Et ces deux là qu’ont-ils fait ?
- Maître le chef d’équipe les a surpris, ils parlaient entre eux à voix basse.
Je m’adressai aux deux esclaves :
- Vous reconnaissez avoir parlé entre vous ?
L’un des deux tomba à genoux :
- Oui Maître pardon Maître… L’autre fit pareil, je demandai alors :
- Et vous parliez de quoi ?
Ils eurent l’air très gênés, ils rougirent mais ne dirent rien.
Je demandai alors à Hervé quelle était la punition pour cette faute, il répondit :
- Maître normalement 30 coups de martinet et une semaine de silence, pour une première faute !
- C’est bon Hervé exécute donc la punition, mais comme ils n’ont pas daigné répondre à ma dernière question, tu doubleras le nombre de coups et la durée de silence !
Des gémissements virent des deux punis, ils furent attachés les deux au poteau, face à face, deux chefs d’équipe approchèrent, chacun un lourd martinet à la main. Les deux corps nus bien arqués formaient un bel ensemble, les punis tremblaient, ils me lançaient des regards suppliants.
- Allez pour 60 coups en cadence, pas de comptage, pause à 30 coups, et ne traînez pas je n’ai pas que ça à faire !
Le ballet des martinets entra en action, les fouetteurs frappaient alternativement, quand un était fouetté, l’autre l’était peu après, et de nouveaux le premier. La pièce se remplit de bruits, les sifflements des martinets, les claquements sur les fesses des malheureux, leurs cris, la cadence était rapide, Hervé leva la main et dit « 30 ». Les fouetteurs s’arrêtèrent, les fesses des punis bien offertes étaient rouge vif, ils haletaient accrochés au poteau.
- Alors bagnards, vous ne voulez toujours pas me dire de quoi vous parliez ?
Ils baissèrent la tête, mais l’un deux me regarda avec un regard plein de larmes :
- Maître… On… On parlait des… Filles… Pardon Maître…
Je demandai à l’autre si c’était ça, il me regarda avec un regard terrifié, il essaya de parler, mais on comprit difficilement à part un « oui ».
J’eus pitié de ces deux jeunes gars, ils avaient parlé des filles, alors qu’ils n’en toucheraient peut être plus de leur vie au bagne, ils étaient là nus terrifiés, les fesses durement zébrées, et la punition allait recommencer !
Je leur dis sur un ton sévère mais pas trop :
- Eh bien c’est malin, et c’est surtout idiot de ne pas me répondre quand je pose une question… Quant aux filles, ce n’est pas au bagne que vous en aurez, mais vous pouvez toujours y penser…
Et m’adressant à Hervé :
- Bon aller on en finit maintenant, comme ils ont fini par parler, 10 coups au lieu de 30 !
Les 10 coups furent vite donnés le ballet des martinets recommença, les cinglements, les claquements, les cris, les corps tendus qui se cabrent, les fesses mordues par le cuir, qui rougissent de plus en plus…
Hervé leva la main, il me regarda, et sur un signe de moi déclara la punition finie. On détacha les deux gars qui n’en menaient pas large.
J’appelai Hervé et lui dis que je voulais entendre ici chaque bagnard, pourquoi il était condamné, et son comportement. Hervé prit la parole, ordonna aux bagnards de se mettre en rang et de venir à tour de rôle s’agenouiller devant moi et répondre à mes questions.
Pendant qu’ils se rangeaient, je dis à Yves avec un sourire :
- Tu n’as pas de cousins parmi eux cette fois ? Il répondit :
- Apparemment non Maître !
C’est alors Thomas qui s’approcha timidement comme souvent avec moi :
- Maître…
- Oui Thomas tu veux dire quelque chose vas-y !
- Maître dans les bagnards, il y a un ancien garde Eric… Il a été condamné pour avoir parlé à Monsieur votre Père. C’était un bon garde Maître… Je ne sais pas comment vous dire Maître…
Je vais voir ça Thomas, tu as bien fait de m’en parler !
Chaque bagnard passa devant moi, à genoux, j’étais appuyé sur le bord d’une table, les premiers avaient été condamnés pour vol, bagarre, tentative d’évasion, des fautes graves qui méritaient le bagne. Puis vint le tour d’un des deux punis au martinet, le plus timide des deux, il tremblait terrifié quand il se mit à genoux et eut beaucoup de mal à parler, il bégayait fortement, mais je réussis à comprendre qu’il était là pour avoir manqué de respect à mon père, il était en train de scier du bois, il n’avait pas entendu mon père arriver, et mon père le fouetta et l’envoya au bagne.
Je demandai à Hervé :
- Comment il se comporte ?
- Ce n’est pas un mauvais gars Maître, il a été fouetté ce soir, mais c’est rare, il est timide et il a du mal à parler, il bégaye mais c’est un très bon bûcheron »
- Bien, je ne souhaite pas qu’il reste au bagne, sa faute n’était pas grave, elle n’était pas volontaire, et comme il est bûcheron, il sera transféré dans une équipe de forestiers, Hervé tu verras ça avec le régisseur de la forêt !
Le garçon me regarda avec des yeux ébahis, il bredouilla des remerciements, je mis ma main sur sa tête en le caressant, il s’effondra en pleurs prenant ma main pour l’embrasser.
Hervé le prit délicatement et l’éloigna de moi. Les suivants avaient plutôt mérité leur sort. Ensuite vint Manuel le cruel chef de Gault, il s’agenouilla, je lui dis :
- Inutile de te présenter, tu es ici et tu le mérites bien, pour ton information sache qu’à Gault tout va bien maintenant que tu n’y es plus, les bergers Raoul et Louis font du bon travail, les moutons du plateau n’ont jamais autant rapporté !
Il ne put s’empêcher de lâcher entre ses dents :
- Tant mieux pour eux, petits cons !
- Qu’est-ce que tu viens de dire ? Dis-je d’un ton sec.
- Rien Maître !
- Hervé, fais donner 50 coups de strap dehors à ce chien pour lui apprendre le respect, il recevra aussi 50 coups de martinet chaque soir pendant une semaine !
Un chef d’équipe, sur un signe d’Hervé, prit Manuel pour l’emmener au pieu dehors, Manuel gémit mais se laissa faire et on commença à entendre les coups et les cris du puni.
Le bagnard suivant était un gars de mon âge, 25 ans, musclé, bien fait, il s’agenouilla respectueusement et dit d’une voix calme :
- Maître, je m’appelle Eric, 25 ans Maître, ancien garde, puni pour outrage à Monsieur votre Père.
Je me tournai vers Thomas, il me fit oui de la tête, il avait l’air très troublé, je demandai alors à Eric :
- Quel outrage as-tu commis vis-à-vis de mon père ?
Eric répondit gêné :
- Maître j’ai osé me plaindre à Monsieur votre Père, de la condition des gardes… Je n’aurais pas dû…
- Tu t’es plaint des sévices du chef des gardes Antoine, c’est ça ?
- Oui Maître, oh pardon Maître, j’ai eu tort.
- Tu as dit quoi à mon Père ?
- Maître… Je lui ai dit que chef Antoine était dur avec les gardes, qu’il nous enfonçait une matraque dans… Dans…
- Oui je sais où Eric ! Et que t’as répondu mon père ?
- Que j’étais un insolent, que mon chef devait nous discipliner comme il le voulait! Il a pris son fouet et il m’a fouetté, un long moment, le lendemain j’étais au bagne! J’ai eu tort Maître, chef Antoine avait raison aussi…
- Non Eric tu as eu raison, Antoine n’est plus chef et toi tu sortiras du bagne immédiatement, demain tu seras garde. Qu’on lui donne des vêtements, il repartira avec nous, Thomas prends le en charge !
Eric leva les yeux très étonné, il me remercia chaudement, puis Thomas approchant, il commença par lui serrer la main puis il tomba dans ses bras.
Pendant tout ce temps on entendait dans la cour les coups de strap qui tombaient sur Manuel, et les cris de ce dernier, mais ça n’avait pas l’air d’émouvoir les bagnards, la réputation de Manuel avait dû parvenir jusqu’ici. La flagellation stoppa, les 50 coups étaient donnés, Manuel revint en suivant son fouetteur, il titubait et alla vers les autres, tête basse, ses fesses étaient cramoisies.
Je vis les autres bagnards, il n’y avait rien à changer à leur condition. Ils avaient tous plus ou moins mérité le bagne et sa rigueur. Je leur dis de se rhabiller.
Je vis un moment Hervé dans son bureau, il semblait craintif, je le rassurai en lui disant que sa gestion du bagne était bonne, qu’il devait continuer comme ça, en n’étant pas trop sévère avec les bagnards.
Je revins dans la salle, les bagnards maintenant habillés se mirent en rang quand ils me virent. Je pris la parole :
- Bagnards vous êtes ici parce que vous avez commis une faute, cependant je suis plutôt content de votre travail alors continuez, à bien travailler et à obéir, les plus méritants pourront avoir une remise de peine. Pour les moins méritants ce sera le fouet ! Pour aujourd’hui je suspends toutes les punitions en cours, sauf celle de Manuel, vous pourrez tous parler librement ce soir, et demain soir vous aurez un supplément de nourriture, je vais voir ça avec votre chef !
Je passai auprès de chacun, sauf Manuel, pour leur donner une petite tape sur les épaules ou la nuque, en leur souriant, certains se risquèrent à me rendre mon sourire, en fait je les aimais bien mes bagnards et j’en avait plutôt pitié, et il étaient plutôt beaux garçons.
Le jour baissait quand nous partîmes au galop, Thomas avait pris Eric sur son cheval, il en profita pour lui raconter les changements au Château et chez les gardes. A notre arrivée Alex et les autres gardes accueillirent chaudement Eric. Alex me remercia quand je quittai la salle, mais je lui fis la remarque, qu’il aurait dû m’en parler, il murmura « oui pardon Maître » d’un air contrit. Je lui répondis que c’était fini maintenant et que je lui faisais confiance pour réintégrer Eric.
C’est en ce début d’hiver que je fus contacté par les personnalités les plus importantes à propos de la construction d’une voie de chemin de fer au travers de mon domaine. Je ne fus pas surpris j’avais retrouvé dans les papiers une même demande qui avait été catégoriquement rejetée par mon père. Pourtant pour les autorités la taille de mon domaine bloquait toute liaison ferroviaire entre la ville , et le gros bourg voisin. Contourner mon domaine était quasiment impossible, avec les montagnes cela imposait un détour considérable. La traversée du domaine, devrait se faire par la vallée principale, puis un tunnel sous le col qui conduisait au bourg. J’avais eu l’occasion de prendre le train entre la ville et la capitale et j’avais été conquis par ce mode de transport moderne. De plus je comptais bien négocier avec la Compagnie Ferroviaire, chargée de la construction, des arrangements pour pouvoir mieux transporter les produits du Domaine. Plusieurs réunions de négociation eurent lieu à cette époque.
Un jour de pluie je devais aller au village de Maux pour finaliser les décisions de l’étable du Plassis, je demandai donc à Angelo de faire préparer une petite voiture fermée, une sorte de fiacre, Yves était avec moi à l’intérieur, Bob le cocher et Thomas étaient dehors, avec une lourde cape pour les abriter de la pluie. Au retour, il pleuvait assez fort, mais Bob maintenait une vitesse rapide, comme s’il était pressé de rentrer. Je frappai sur le devant de la voiture, signal demandant l’arrêt, il s’arrêta, je lui dis alors d’aller plus doucement, il me répondit « Oui Maître » mais d’un drôle de ton presque agressif, et à mon signal il repartit.
Après un moment assez calme, il reprit de la vitesse. Or à cet endroit, la route descendait vers la vallée avec quelques virages assez serrés, Bob connaissait bien l’endroit, j’avais assez confiance, malgré que je trouvais sa vitesse une peu excessive. Les premiers virages furent pris correctement, mais au dernier, la route détrempée par la pluie avait formé une grosse flaque. Les roues gauches entrèrent dans l’eau et à ce moment il y eu un gros choc, la voiture plongea en avant, Yves et moi fûmes projetés en avant cognant sur la paroi en face, puis la voiture se retourna et fit des tonneaux en se fracassant dans un grand vacarme Je fus secoué partout dans la voiture, je fus éjecté dehors et fus plongé dans un trou noir, sans connaissance…
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